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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/343

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Dans les ventes après décès, les chauderonniers en cheveux plats ouvrent toujours la séance ; car on commence ordinairement par la batterie de cuisine, le mort n’en ayant plus besoin. Ils se trouvent dans la salle du défunt avec ceux qui viennent pour acheter ses diamans, ses meubles de Boulle, & ses dentelles. Toutes les nippes du mort, depuis sa tabatiere jusqu’à sa seringue, passent sous les regards attentifs du public acheteur. Il apprend quels étoient les goûts particuliers du décédé, & la révélation de ses obscures fantaisies se fait après son enterrement. On ne le connoît bien qu’alors : une réflexion qui échappe compose son oraison funebre ; elle n’est pas étudiée, elle naît de ce qui s’offre à la vue.

Les livres licentieux & les estampes obscenes sont mis à côté par l’huissier-priseur, & ne se vendent pas publiquement ; mais les héritiers se les partagent, & vendent sans scrupule le lit, les chemises & les habits de leur pere. On écarte d’abord tout ce qui tenoit à lui, tout ce qui le touchoit ; mais