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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/35

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porte des ministres sont caressés, & jouissent même de quelque crédit. On tremble d’entendre sortir de leur bouche le oui ou le non ; on ne les brusque jamais, & l’ambitieux commence dès leur loge à sourire & à flatter.

Dans les anti-chambres de Versailles, on les voit le plus souvent bâiller, étendus sur des banquettes. L’inaction semble leur peser, & l’ennui se peint dans tous leurs mouvemens.

Aux portes des jardins royaux, les Suisses ne laissent passer ni domestique, ni servante, ni soldat, ni ouvrier, & les livrées de l’indigence sont repoussées avec dédain. Le Suisse, sans se déranger, crie : on ne passe pas ; & le pauvre tourne les talons & s’en va tout honteux. J’éprouve toujours un mal-aise intérieur quand je vois un homme chasse de cette maniere.

Les filles de joie qui à l’entrée de la nuit se glissent dans les jardins, sont renvoyées par les Suisses, ou même arrêtées quand il y a