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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/40

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prit, quelle justesse merveilleuse ne faut-il pas, s’écriera un nouveau débarqué ! Il ne connoît pas le protocole ; il ne sait pas que toutes les réponses sont préparées dès la veille ; que monseigneur n’aura besoin que d’un peu de mémoire ; qu’en paroissant débrouiller ce chaos d’affaires, il n’aura que des notes superficielles dans la tête, & que le reste sera rempli par ces monosyllabes ministériels, auxquels l’aisance & la dignité donnent une incroyable profondeur.

Mais que fais-je ici à côté de ces nombreux solliciteurs, moi qui n’ai rien à dire à son excellence ? C’est assez, sortons… Mais Monseigneur fait un pas en-avant ; tout s’ouvre sur son passage. Je vois deux haies de corps inclinés & de bouches béantes. Sa grandeur gagne le centre de l’assemblée ; le voilà environné de tous les humbles cliens qui demandent faveur ou protection. Par quel art nouveau répondroit-il à tous ? C’est le moment de généraliser son attention ; son œil embrasse le cercle ; c’est alors qu’il distribue le sourire