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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/42

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particuliers, poursuit ce jeu encore une demi-heure, fait définitivement le tour du cercle, tourne négligemment la tête vers son cabinet ; voilà le dernier coup de théatre. Le cercle s’ouvre avec docilité ; c’est une adresse que d’avoir su s’emparer du côté de la porte ; mais monseigneur plus fin adresse la derniere parole à celui qu’il apperçoit dans un coin, comme derniere preuve d’une attention universelle. À un certain geste son cabinet s’ouvre ; il rentre : le voilà éclipsé ; la porte se ferme, & la répétition de cette comédie ne se fera que dans quinze jours, au même lieu & à la même heure. Ô Moliere ! Moliere !

C’est un vrai spectacle ; car cette audience si auguste, si prolongée, ne détermine pas l’expédition d’une seule affaire. Le ministre a représenté, mais il n’a rien fait, rien décidé : & quand il sembloit vous écouter & ramasser son attention, il occupoit ses regards à deviner un autre, & méditoit sa réponse pour celui qui se trouvoit placé loin de vous.