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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/7

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peut entraîner de funeste, puisque tous les plus forts liens de la société alloient être rompus.

Si le frein de la police se brisoit à Paris pendant trois jours, on verroit renaître les mêmes attentats. Quel seroit le moyen d’arrêter le crime ? Un seul moment de licence produiroit des désordres infinis.

Mais tout écrivain qui veut dire la vérité ne sauroit remuer la plume sans blesser nécessairement quelque corps. Il y a tant d’hommes intéressés à la prolongation de certains abus, tant de droits usurpés, tant de vieilles erreurs qui rapportent, tant de simulacres imposteurs qu’encense le préjugé, qu’on se fait même à son insu des ennemis cruels, qui vous haïssent toute votre vie, s’ils ne peuvent vous persécuter personnellement. Il faudroit qu’un écrivain fût impassible, pour pouvoir donner un libre cours à son ame. Il lui faut du moins le courage le plus soutenu ; car il doit savoir d’avance que certains hommes ne lui pardonneront point tout ce qui