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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/71

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les plus jolis morceaux de musique, exécutés sous ses fenêtres, comme pour le disposer doucement au sommeil ; il prête l’oreille à ces sons qui s’éloignent, & qui dans le lointain ont encore plus de charmes. Il s’endort voluptueusement, en répétant l’air chéri qui a parlé à son ame.

Je pense que rien ne seroit plus propre à entretenir la bonne humeur parmi le peuple, que d’étendre & de perfectionner cette récréation innocente & publique, cette douce Euphonie.

Quel agrément, si chaque soirée, si après le soupé chaque rue avoit sa musique particuliere ! L’humeur & la fatigue de la journée disparoîtroient soudain, & l’homme de peine en se couchant craindroit moins le jour suivant embelli à son déclin.

Qui a entendu le jeu de ces orgues, & qui a pu refuser sa piece de deux sols à l’orphée qui porte sur son dos cette machine harmonieuse ? Certes il doit être regardé comme un homme ingrat. Il me semble, si j’étois en