Languerini, la tendre & savante dona Durancini.
Les modifications forment le grand secret de la musique ; ce sont elles qui lui donnent l’expression, le mouvement & la vie. Mais on n’a jamais connu parmi nous le charme inexprimable des sons filés ; c’est-à-dire, l’art de renforcer & d’adoucir la voix, de la conduire par toutes les nuances, non du grave à l’aigu, mais du son le plus remisse au plus intense, sur chacun des degrés dont la voix est susceptible.
Il est vrai que nos chanteurs ne pourroient guere mettre leurs talens en usage, quand ils auroient perfectionné l’art en ce point ; car nos orchestres sont incapables de les seconder. Nous n’en avons aucun qui ait l’intelligence & le sentiment du forte-piano. Celui de l’opéra, toujours rebelle aux efforts de l’auteur d’Iphigénie, ressemble encore à un vieux coche traîné par des chevaux étiques, & conduit par un sourd de naissance. Jusqu’ici il a été impossible de communiquer à cette lourde masse aucune sorte de flexibilité. Elle restera