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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/109

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sache composer son attitude d’une maniere originale, que le grand acteur lui-même n’imite jamais qu’imparfaitement.

Le dernier terme de la fatuité & de l’impertinence se rencontre chez tel comédien ; il est impossible d’ajouter au ridicule des airs & des tons qu’il se donne. Qu’il parle, qu’il écrive, il est toujours impertinent.

Il y a telle lettre imprimée qui feroit croire que tel acteur est devenu fou, & que c’est sa raison, au lieu de sa personne, qui est enterrée. Vous riez de lui. Soyez sûr qu’il est complètement dans l’illusion. Parce qu’il a foulé les planches du théatre, il croit son existence précieuse à l’univers. Il parle de l’intérêt qu’il a inspiré aux têtes couronnées avec une crédulité complaisante. Il a perdu le point de vue de sa place ; il est en l’air ; il ne sait plus ce qu’il dit.

Voilà la maladie des gens de théatre. Tous n’en sont pas atteints ; mais ceux chez qui elle domine, sont devenus des êtres curieux, à raison de l’importance qu’ils ont donnée réellement à leur personne.