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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/12

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Qui pourra deviner les causes de ces vicissitudes ? Qui pourra savoir au juste pourquoi feue mademoiselle Deschamps étoit montée à ce degré d’opulence, qui lui fit adopter le luxe insolent de border les bourrelets de sa chaise percée de dentelles d’Angleterre, & d’orner de stras les harnois de ses chevaux ?

Une fille d’opéra qui vient de décéder, laisse un mobilier immense, une somme d’argent considérable. Avoit-elle plus de beauté & d’esprit qu’une autre ? Non : sortie de la plus basse classe du peuple, elle eut pour elle les faveurs de ce destin inconcevable, qui dans ce monde éleve, abaisse, maintient, renverse ministres & catins.

La populace regrette beaucoup le spectacle de la promenade de l’âne : plaisir que lui donnoit quelquefois un arrêt solemnel du parlement.

Il s’agissoit de la punition exemplaire de ces matrônes qui, comme le dit naïvement un grave jurisconsulte, font métier de séduire des filles de bonne maison.