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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/152

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niaque ! Je ne savois pas alors qu’il confirmeroit ce premier & triste apperçu par des œuvres posthumes, indiscrétement publiées, & qui nuiront infailliblement à ses autres écrits.

Oui, J. J. Rousseau, mu par une imagination trop ardente & plein d’un orgueil inconnu à lui-même, s’imaginoit voir autour de lui une ligue d’ingénieux ennemis qui avoient déterminé les décrotteurs à lui refuser leurs services, les mendians à rejeter son aumône, & les soldats invalides à ne pas le saluer. Il croyoit fermement qu’on suivoit tous ses pas, qu’on épioit tous ses discours, & qu’une foule d’émissaires, sentinelles assidues, étoient répandus dans toute l’Europe, pour le dénigrer, tantôt dans l’esprit du roi de Prusse, tantôt dans l’esprit de la fruitiere sa voisine, qui ne se relâchoit du prix ordinaire de la salade & des poires que pour l’humilier. Tel je l’ai vu, & je dois cet hommage à la vérité ; car son caractere est devenu un problême ; il ne l’est pas pour moi. J. J. Rousseau, dans sa vie privée, étoit attaqué