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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/160

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y sont libres : en voici un exemple récent.

Un épicier ruiné ayant trouvé la recette d’une tisanne purgative & confortative, la débite aujourd’hui dans le Temple avec un prodigieux succès. Elle fait beaucoup de bien ; & le peuple, las du charlatanisme des médecins, des drogues empoisonnées des apothicaires, a trouvé dans cette tisanne un remede vraiment salutaire : du moins l’expérience confirme chaque jour sa bonté & son utilité générale.

Le débit de cette tisanne monte jusqu’à douze cents pintes par jour ; & comme l’efficace d’un remede n’est constatée que par l’expérience, tous les raisonnemens contre l’empirisme deviennent fautifs, quand l’empirisme guérit encore mieux que la médecine qui raisonne. Il se pourroit faire qu’il n’y eût au fond qu’une seule & même maladie, & qu’un seul remede conséquemment pût détruire le germe des maladies chroniques. La colere des guérisseurs de profession contre l’épicier chez qui tout Paris accourt, est une des choses qui m’ont le plus réjoui.