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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/213

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bon carême ; car les honoraires augmentent selon les fonds de la fabrique. Tantôt il y a cent écus pour le prédicateur, tantôt il y en a cinq cents.

La loueuse de chaises influe sur le choix des sermonneurs ; elle stipule verbalement dans son bail avec la fabrique, qu’on choisira des orateurs accrédités, & elle hausse le prix en conséquence. Le jour du début elle prend des gardes à la porte de l’église, & renchérit les chaises. Il faut la voir trotter dans le saint lieu ; on ne peut s’y asseoir que sous son bon plaisir : elle vous fait la loi.

Entrez dans une église. Si la loueuse de chaises a la mine humble, le prédicateur est médiocre, mais si elle est insolente, asseyez-vous.

Tous ces sermonneurs rêvent d’aller prêcher à la cour ; ils se bercent tous de cette espérance, à peu près comme le jeune rimeur, en fabriquant ses vingts premiers vers, songe à l’académie françoise. C’est qu’un carême à la cour rapporte bien mille écus, conduisoit autrefois à de bons bénéfices, & même à une