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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/234

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toyens de ce fauxbourg, peu instruits, attribuerent cette odeur à la piece d’eau du Colisée. La véritable cause de l’odeur infecte répandue dans le fauxbourg, vient de ce que les égouts des cuisines & les sieges des latrines versent incessamment dans ce grand égout ; abus inconcevable. Ce grand égout, dans l’état où il est, ne sera jamais nettoyé. S’il vient à s’engorger, aucun ouvrier ne pourra essayer d’y entrer ; il y perdroit la vie. Quel sera le remede assez prompt, assez efficace, pour détruire ou pour clorre ces abymes de putridité ? Il n’y en a plus ; la moindre ouverture forme un éolipile dangereux ; l’air & les rayons du soleil absorboient du moins auparavant ces terribles exhalaisons. Ainsi l’intérêt de quelques particuliers a emprisonné la peste dans un quartier salubre. Puisse-t-elle ne pas s’échapper ! ou recourons du moins aux chymistes modernes, qui se jouent de tous les miasmes meurtriers, & qui offrent de descendre dans les latrines avec la même confiance qu’un danseur de la foire voltige sur la corde lâche ou tendue.