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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/259

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auroit de force & d’ascendant pour en imposer à ses vagues décisions.

Ainsi le public, qui tout-à-la-fois veut rire & conserver sa dignité, aime & condamne les querelles littéraires. Dès qu’un homme du monde fait une sottise, on la cache avec soin. Si c’est un auteur, mille bouches sont ouvertes pour la porter sur les toits. On ne se met pas assez à la place d’un homme à qui l’on dispute un stérile laurier qui lui a coûté tant d’efforts, & qu’on veut inhumainement rabaisser au milieu de ses premiers succès. Harcelé quelquefois par d’indignes rivaux, il a peut-être le droit de se montrer sensible. On a été souvent injuste, violent à son égard ; On l’a attaqué indécemment, & l’on exigera néanmoins qu’il chérisse son adversaire : comme si dans tous les états tout concurrent ou tout critique ne faisoit aucun ombrage.

Malgré les discours exagérés de la malignité, les auteurs (nous oserons le dire) ont moins de haine que d’orgueil, moins d’en-