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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/262

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entiere contre les satyriques de profession. Ceux-ci sont les vrais ennemis de l’espece.

Notre aversion contre toutes les classes de tyrans ne nous permet point d’être modérés, quand nous les rencontrons sur notre chemin ; & nous n’avons jamais pu lire qu’avec un souverain mépris les rimes de leur chef, du trop renommé versificateur Boileau, qui, au lieu d’armer la poésie contre le vice & les méchans, en a fait l’art puéril d’injurier en vers ses rivaux. Exemple fatal, que l’insolence dépourvue de tout talent n’a que trop imité.

Cet écrivain froidement exact n’avoit ni génie, ni enthousiasme, ni sensibilité. Asservi à l’esprit dominant, il loua avec excès toutes les actions imprudentes de Louis XIV. Il le remercioit d’avoir terrassé l’hérésie, & l’encourageoit, en rimes bien sonores, à poursuivre son systême d’intolérance. Puis il jetoit de l’opprobre sur ceux qui réussissoient moins bien que lui dans l’art difficile qu’il cultivoit ; il se moquoit, lui bien pensionné, du poëte pauvre ; il railloit cruellement Colletet de son indigence, qu’il eût pu soulager.