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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/268

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le crime d’un seul diffamer toute une famille ! Quoi, cette déraison ne tomberoit pas devant l’exemple de nos voisins qui, se dérobant à toutes les especes de tyrannies, ont détruit ce préjugé révoltant !

Qu’arrive-t-il parmi nous ? C’est que le juge qui va prononcer l’arrêt contre un criminel, s’arrête quelquefois en voyant une famille bientôt déshonorée. Les punitions ne tombent plus, pour ainsi dire, que sur des gens de la lie du peuple ; les autres classes forcent l’impunité : le châtiment a perdu sa terreur, & les loix leur majesté.

On a vu sans frémir le plus monstrueux des spectacles. Des parens avertis que leur cousin seroit exécuté, pour éviter la honte d’une telle mort, pénétrer dans la prison & mêler du poison aux alimens du condamné ! Cet attentat, qui offense toutes les loix divines & humaines, a été préconisé : tant le point d’honneur aveugle l’homme, & le prive des lumieres naturelles. Une famille entiere, qui empoisonne par orgueil un de ses membres