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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/315

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soif d’argent, envoie plusieurs fois l’ordre d’enrégistrer son édit. Le parlement s’y refuse constamment ; il allegue que le roi n’a pas un pouvoir illimité, qu’on ne sauroit forcer la cour des pairs à enrégistrer choses contraires à la justice, au bien de l’état, à sa propre conscience. Le souverain tonne, éclate, menace, envoie lettres de jussion. Rien n’y fait ; chaque membre tient bon & refuse d’obéir. Toute une province dit : Voyons ce que deviendra ceci, & si nous gagnerons à ce grand conflict un dixieme de notre bien.

Le parlement bataille avec vigueur ; il cite plusieurs traits historiques qu’il tâche de faire cadrer avec la question présente.

Tout-à-coup arrive un papier roulé d’une autre maniere, & qu’on appelle lettre de cachet. La volonté du roi n’y est pas plus expresse que dans les lettres de jussion. À l’instant, c’est à qui paiera plus vîte des chevaux de poste pour voler au lieu de son exil. L’auteur des hardies remontrances interrompt sa phrase commencée ; & brisant sa plume, se