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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/6

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landée, l’émérillonnée, l’éventée, la superbe, la follette, la fringante, l’attiffée, la pimpante. Toutes les nuances sont là : la mignonne, la grasse, la maigre, la pâle, l’ardente, la mutine, & jusqu’à la boiteuse. Ainsi que dans les haras les coursiers ont leur surnom, de même ici chaque fille a le sobriquet qu’indiquent sa taille & sa figure.

Des matrônes moins achalandées ne pouvant avoir ni vastes appartemens ni lits somptueux, établissent des serrails plus étroits, où les filles sont logées, nourries, blanchies. L’argent qu’elles reçoivent va à la mere ; celle-ci ne parle que de la reconnoissance qui lui est due ; elle a décrassé ce troupeau de province & des campagnes. Toutes lui doivent ce qu’elles sont. Si elles ont un déshabillé blanc pour porter dans la maison, un mantelet pour l’été, une pelisse pour l’hiver, une robe de soie pour aller chez Nicolet, à l’Ambigu-comique, aux Variétés amusantes, à qui sont-elles redevables de si rares bienfaits ? Elles devroient porter le casaquin & le ta-