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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/86

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situdes ruineuses, & leur sort est toujours incertain, tandis que celui de l’agriculteur ne l’est pas. Tel colifichet perd de sa faveur, & voilà des hommes qui tombent inopinément dans le besoin.

Un autre jour s’accrédite un nouveau genre : des ouvriers qui mouroient de faim se trouvent dans une abondance imprévue, & suffisent à peine aux demandes des amateurs. Mais ces artisans, soumis aux idées de fantaisie, n’ont que des momens de vogue ; ils ne savent à quel objet s’attacher, pour assurer leur subsistance. Quand le caprice vient à changer, plusieurs ne sont plus en état d’embrasser une profession nouvelle. La pénurie les desseche, & l’état perd des citoyens dont les bras & la tête sont devenus absolument oisifs.

Si l’on dit que les ouvriers favorisés jouissent à leur tour de la souffrance des autres, & dédommagent l’état de la perte des malheureux, il faudroit pouvoir ajouter que cette abondance sera durable. Mais non ; ils tom-