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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/91

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mourir dans les hôpitaux une foule de soldats languissans. À côté est l’hôtel d’une courtisanne, dont l’adresse a rassemblé une immense fortune. Plus loin est celui d’un homme de cour, qui, pour tout mérite, a broyé le pavé de Versailles ; il n’a pas fait sa cour en présence des batteries. En face est la demeure de l’homme qui a vendu sa patrie. Ces hôtels si brillans au-dehors, recelent des êtres réparés de la multitude autant par leur froide insensibilité que par leur opulence. Pas un de ces bâtimens qui ne soit cimenté de larmes.

L’un a fait disparoître des voitures de farine ; l’autre a conduit une légion de commis aux aides. Là est un intendant qui a traité une province comme un pays ennemi.

À qui appartiennent tous ces beaux hôtels ? À des usuriers, à des concussionnaires, à des agioteurs, à d’infatigables agens d’oppression. Comme la réflexion rend hideux ces hôtels superbes ! Quoi, les beaux arts vont décorer les demeures des ennemis de la patrie ! Ce pavillon qui à l’air d’un temple élevé à