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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/97

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Les passions ne dorment pas dans le silence de la retraite ; elles s’éveillent & jettent un cri plus long & plus perçant. Que de larmes secretes ! Les moins infortunées tombent dans une stupeur machinale ; les autres, après s’être abandonnées aux sourdes imprécations du désespoir, meurent à la fleur de l’âge.

Le nombre de ces victimes diminue ; mais qu’il eût été facile de détruire ces prisons tristes, en reculant l’époque des vœux à vingt-cinq ans ! Une loi timide est ordinairement une mauvaise loi.

Autrefois de jeunes sœurs étoient sacrifiées à l’avancement d’un frere au service ; & plus d’une mere coquette voyoit avec déplaisir auprès d’elle une fille qui grandissoit.

On a tant écrit sur cet abus, que les meres les plus ambitieuses & les plus dénaturées n’osent plus parler de couvent à leurs filles. Celles qui peuplent les monasteres sont des filles pauvres & sans dot.

Mais les demoiselles y restent jusqu’à ce qu’on les marie ; & quand elles sont femmes,