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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/107

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d’eux, & ils s’éleveront alors d’eux-mêmes à la hauteur marquée par la nature & par la vigueur de leurs germes. C’est moins de faveur que de justice, que le talent a besoin.

Ce qui le décourage & le tue, c’est lorsqu’après avoir épuisé ses forces à produire, à vaincre les difficultés de son art, il lui faut encore lutter obscurément & à forces inégales contre les vices & les passions des hommes, flatter le despotisme, les préjugés & les petits intérêts des corps ; c’est lorsqu’à l’entrée des tranquilles élysées des arts, il trouve des souterreins tortueux, où il faut ramper, des Cerbere qu’il faut assoupir, des Caron qui ne passent aux rives fortunées de la gloire que des artistes déjà morts ; & tous ces fantômes légers & fugitifs de la médiocrité, tandis qu’ils rebutent avec dédain des hommes pleins de vie & nés pour l’immortalité. »