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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/115

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Pour peu qu’un riche ne soit pas un sot, on lui donnera du goût : par conséquent il passera pour avoir de l’esprit, & de là au génie il n’y a qu’un pas. S’il ne se fait point un beau livre, c’est qu’il ne le veut pas, & qu’il emploie mieux son tems à d’illustres affaires. Il dit mille impertinences, & on l’écoute parce qu’on est à sa table, & que son gros cuisinier, au tact délicat, a de la finesse pour lui. Il fronde hautement toute idée patriotique, pour peu qu’elle tende à diminuer l’embonpoint excessif qui fait maigrir tant d’autres. Il trouve fort mauvais l’examen public de pareilles matieres. Il s’étonne de ce qu’on n’arrête pas tous les ouvrages qui ne sont point remplis d’un respect profond envers le travail de la finance moderne, & de ce qu’on ne célebre pas, par exemple, les fortunes rapides, comme les exploits guerriers & les talens littéraires.

Qu’il jouisse de ses richesses : d’accord ; qu’il accumule autour de sa personne toutes les voluptés ; qu’il s’en rassasie, à la bonne heure : les plaisirs qu’il achete lui appartiennent ; qu’il