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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/145

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le monde, vers ce maître changeant & tyrannique, qui dans son ingratitude oublie tout ce qu’on a fait pour lui. Tous deux sont encore dévorés d’une ambition sourde ; celle d’une femme se trouve la plus impuissante. N’être plus de mise dans le tourbillon du monde, lui semble un ridicule plus cruel que le déshonneur.

Pour la sauver de cet état affreux, de cette honte de n’être plus rien, de cet ennui indéfinissable, il se présente à elle deux ressources, la dévotion & le bel-esprit. Mais ces deux états sont surannés ; la dévotion n’est plus de mode, & l’affiche du bel-esprit est devenue trop difficile à soutenir.

Que fait-elle donc ? Elle s’entoure de jeunes demoiselles, brillantes de fraîcheur & de beauté ; elle les dirige, les endoctrine, entre dans tous leurs secrets, & parvient ainsi à faire encore rechercher sa société & à prolonger cette espece d’empire dont elle est si jalouse.

L’expérience du monde lui a appris que