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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/151

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mônes montent annuellement à des sommes considérables. Mais on tue pour ainsi dire la charité publique par des préférences inconsidérées & criminelles ; on enleve aux véritables pauvres les aumônes qui leur sont spécialement consacrées. Tantôt c’est une fille de qualité qu’il faut soutenir, & l’on éloigne la pauvre couturiere. Tantôt c’est une maison jadis opulente tombée par son luxe, & qu’il faut relever. Les pauvres de la paroisse, ignorés dans leurs greniers & n’en sortant pas, reçoivent peu, tandis qu’une famille qui se dit importante, va chez le curé, demande & exige de l’argent avec une fierté imposante. S’il veut user d’une fermeté judicieuse, on prend un ton presqu’arrogant ; on osera lui dire, que les pauvres roturiers sont une canaille inutile à la société, dont l’existence ou le non-être doivent être fort indifférens à l’état ; que les nobles pauvres ont droit d’épuiser avant tout les ressources des largesses particulieres & publiques.

Les ames pieuses tombent fréquemment