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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/248

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ployer les corps intermédiaires avec une feuille de papier ; il est sûr que la noblesse sera à ses ordres quand il le voudra ; la magistrature lui apporte des remontrances, & se retire ; le peuple n’a aucune voix, aucune force ; il a livré ses biens & sa personne à son maître, qui de plus possede depuis cent ans sa fortune pécuniaire, & qui d’un mot peut libérer ses immenses dettes. Il a un plus grand pouvoir encore ; il défend à la pensée de paroître ; il flétrit ou ridiculise les idées qui ne lui plaisent pas ; & s’il n’y parvient pas pour toujours, il y parvient pour un certain tems. Jusqu’à la place d’académicien est de son choix ; & Louis XIV pouvoit dire à Corneille : Vous ne serez pas de l’académie.

Voilà bien des prérogatives ! Eh bien, l’Anglois se trompe, d’après les apparences. Les François, avec tout cela, ne sont pas asservis ; les mœurs s’opposent au pouvoir absolu, & le rendent modéré, civil, policé, lui ordonnent des égards & des ménagemens. La puissance du souverain fondue, pour ainsi