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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/25

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flés par la douleur, ou irrités par l’accès du désespoir, pour bien tracer l’image de tous ces fronts où les vices enracinés & les tourmens vengeurs sont empreints ; mais là aussi sont les victimes que le jeune âge & l’indigence ont soumises aux accidens ; leur ame n’est pas encore corrompue, & leurs sens souffrent, comme si tous les désordres avoient accompagné les momens de leur existence. La pitié leur paie un tribut dans ce lieu d’horreur.

Par-tout ce poison inconnu détruit, ravage, imprime les marques de son cours affreux ; il mange les chairs, corrode les os, détruit, comme une lime sourde & active, tous les organes de la sensibilité, & le corps vivant dans cet horrible état est cent fois plus hideux que le cadavre enveloppé de tous les vers, enfans de la putréfaction. Car si cette masse des tombeaux est putride, on sent du moins qu’elle est calme, & l’on n’en entend point sortir le cri lent & prolongé de la douleur aiguë, comme de ces fantômes