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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/300

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Sacrement venant à passer, quelqu’un s’écria qu’elle venoit de tourner la tête du côté du prêtre, comme pour saluer son divin fils. Ce miracle passa de bouche en bouche ; la populace accourut ; une vieille alluma un cierge au pied de la vierge ; le lendemain cinquante mille ames sur pied environnoient la statue de plâtre. C’étoit en 1752.

Notez que la vierge de plâtre adossoit la boutique d’un marchand épicier, qui vendoit des cierges ; il eut bientôt vuidé tout son magasin ; c’étoit à qui en allumeroit. Le concours devint si considérable, que la police ne sut trop comment amortir cet enthousiasme & dissiper la foule incroyable qui remplissoit ce fauxbourg. On enleva la vierge ; elle fut transportée ailleurs & enfermée.

On dit que le marchand épicier, qui étoit mal dans ses affaires, avoit décolé l’image de plâtre, & au moyen d’un fil-d’archal lui avoit fait tourner la tête, persuadé qu’il étoit, qu’il vendroit assez de cire aux dévots pour remonter sa fortune délabrée.