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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/306

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aussi à citer leurs merveilleuses guérisons.

L’empirique sera constamment le médecin du pauvre, de l’indigent. Celui qui n’a point de tems à perdre, monte chez l’Esculape grossier : Me guérirez-vous ? lui dit-il d’une voix impérative ; je n’ai pas le loisir d’être malade. L’Esculape répond affirmativement, oui, je vous guérirai. Quand il n’y auroit que ce ton ferme, assuré, qui frappe le malade, ce seroit déjà un grand bien ; car il commence par fortifier l’ame, & le médecin de la faculté, avec sa parole incertaine & ses tâtonnement, ne verse pas dans l’ame le courage ni le baume restaurant de l’espérance. Il est froid, tandis que l’autre, chaud & véhément, vous dit d’une voix forte & convaincante : prenez & guérissez.

Ce ton éloquent ranime & conforte le malade, chasse la peur, & commence peut-être la guérison. Il ne faut pas compter pour peu cette force, imagination ordinaire aux empiriques, & qui leur fait dire à des squélettes ambulans : j’en ai guéri bien d’autres ; vous ne