Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 314 )

des habitans de la campagne. Il est vrai qu’ils ne se doutent pas qu’ils méritent le titre d’hommes vertueux, & qu’ils font le bien par sentiment, sans attendre l’œil de l’admiration, & la main de la récompense.

Le genre humain a été calomnié par des écrivains qui n’ont voulu appercevoir que le sommet de la pyramide, & jamais la base ; c’est cependant le chaume qui couvre les mortels les plus généreux & les plus héroïques. Il n’y a même que l’homme dépravé qui puisse s’émerveiller beaucoup de ces traits de générosité & de grandeur, familiers & communs parmi les classes que l’orgueil méprise.

Ce n’est que parmi les riches que l’on voit des cœurs insensibles, des fils ingrats ou insolens, qui méconnoissent leur pere, qui abandonnent leur mere, &c. Chez les pauvres, les liens de la nature sont plus sentis & respectés. Il est sans doute toujours bon de récompenser ces vertus paisibles & rustiques ; mais la récompense à la longue pourroit les avertir qu’il y a un grand mérite dans