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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/35

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poche, lui dire, vous m’avez loué ; & le vieillard avoit oublié leurs noms & tous les brevets d’immortalité dont il n’étoit pas avare.

Les ennemis & les rivaux furent percés d’un glaive de douleur ; mais la secte qui n’existoit que par son chef, & qui se couvroit de ce grand nom, ordonna le couronnement.

On ne vit pas sans intérêt un vieillard qui s’étoit attiré tant de sortes d’adversaires, jouir avec sécurité de sa renommée orageuse, & offrir un front qui n’avoit pas succombé à tant de traverses & à de si longs travaux. Il sembloit triompher en ce moment & de la haine sacerdotale, & de l’envie littéraire. C’étoit en effet un prodige que ce chêne échappé aux coups de la foudre, qui depuis un demi-siecle menaçoit d’embraser sa cime.

Ce vieillard, trop fidele à l’art qu’il avoit cultivé, ne songeoit nuit & jour qu’à sa chere tragédie d’Irene ; & ce qui le flattoit, c’étoit de la voir représenter. Il rapportoit là tous ses desirs & toutes ses