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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/4

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étoient forcés d’aller mendier le soutien de leur dure & pénible existence. C’est encore une maison de force, ou plutôt de tourmens, où l’on entasse ceux qui ont troublé la société.

Trop grande lepre pour le point de la capitale ! Ce nom de Bicêtre est un mot que personne ne peut prononcer sans je ne sais quel sentiment de répugnance, d’horreur & de mépris. Comme il est devenu le réceptacle de tout ce que la société a de plus immonde, de plus vil, & qu’il n’est presque composé que de libertins de toute espece, d’escrocs, de mouchards, de filoux, de voleurs, de faux monnoyeurs, de pédérastes, &c. l’imagination est blessée dès qu’on profere ce mot qui rappelle toutes les turpitudes.

On est fâché de voir sur le même point & tout à côté de ces vagabonds, les épileptiques, les imbecilles, les foux, les vieillards, les gens mutilés ; on les appelle bons pauvres ; mais il semble qu’ils devroient être séparés de cette foule de coquins qui inspirent encore plus l’indignation que la pitié.