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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/54

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graces, court au jardin, apporte une poire vermeille, fruit précoce. Rempli de joie, il la donne à sa mere, comme une rareté merveilleuse ; la mere y goûte, & dit : ce fruit est trompeur, il ne vaut rien. Un sage diroit à son oreille : Pauvre mere abusée, vous voyez l’image de votre fils !

D’après les avis de Jean-Jaques Rousseau, on a restitué à l’enfance cette liberté précieuse qu’elle tient de la nature, & qui convient à l’essor des premieres années de la vie de l’homme. Mais on fait en même tems ce qu’il n’avoit pas recommandé. On associe les enfans aux hommes faits, on leur donne la permission de tout dire, on les invite au babil, on loue leur ton familier & indécent ; ce qu’ils voient & ce qu’ils entendent ne peut que répandre la plus grande confusion dans leurs idées ; & ces applaudissemens indiscrets ne feront plus que les disposer à l’orgueil de la fatuité & à l’insolence de la présomption.

Aussi je crois remarquer que la généra-