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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/8

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roni de Naples, nus & vagans, libres, mais toujours sous un soleil nourricier… Mais je suis à Bicêtre !

Des sœurs officieres, présidées par une sœur supérieure, gouvernent cette maison. Si quelque chose doit causer de l’horreur pour la pauvreté, & inspirer l’amour du travail aux fainéans, c’est l’image de Bicêtre. Là on trouve trop rarement cette compassion, cet abord consolateur qui adoucissent le poids de l’infortune. Le pauvre est bien un être nul ; on lui fait sentir que c’est la charité qu’on lui donne. Le pauvre l’est quelquefois par sa faute ; mais il est pauvre. Hommes, chrétiens, répondez : il est pauvre !

Un hôpital est nécessairement le centre de plusieurs abus, parce que l’œil de l’administration, quoique cherchant à voir, ne voit pas tout dans ces retraites ; & le malheur est un abyme sans fond. Abyssus abyssum invocat. Oh, que cela est vrai ! J’ai sondé la hauteur de l’opulence ; je n’ai pas encore pu sonder les profondeurs effrayantes de l’indigence.