humaine et ne permettait pas aux croyances de primer l’esthétique. Enfin, en politique, en art, son positivisme clairvoyant s’insurgeait autant contre les coups de force que contre la routine. Le boulangisme de Barrès le trouvait sceptique et, sur M. Larroumet, appelé à diriger dans ce temps-là les Beaux-Arts, il disait nettement : « Si M. Larroumet a le souci réel de l’art, le premier acte de sa dictature devra être sa démission. » Le maître écrivain qui châtiera les politiciens dans les Valets et qui donnera plus tard, des peintres Raffaëlli, Besnard et Carrière, d’ardentes monographies perce en cette attitude, se trahit déjà dans ces mots.
Et puis, pour cet homme actif, ennemi des formules, qu’au cune doctrine n’égare et de qui la lucidité est toujours maî tresse, l’éducation de la vie est la plus forte, le saisit et le con vainc au-dessus de toutes les autres. Sa sensibilité, sollicitée par maintes théories captieuses, se cabre définitivement contre l’emprise des livres.
Un monde plus bouillonnant, plus admirable et plus beau le tentait au même moment. « En regardant la vie et la nature (a-t-il écrit de Raffaëlli comme s’il parlait de lui-même), il venait de découvrir l’art qui convenait à son caractère et à son esprit. Désormais, il ne cherchera plus qu’à rendre l’exact caractère des choses et des gens pour essayer de donner aux autres la forte émotion qu’il en reçoit. Prenant en horreur l’artifice, si prestigieux qu’il puisse être, il découvre, après tant d’autres, que le vrai est l’éternelle et magnifique source de beauté[1]. »
Georges Lecomte a, dès lors, conscience d’une œuvre d’art qu’aucune esthétique trop étroite n’anémie ; il conçoit le frémissement du roman moderne et demande, à ce mode littéraire étroitement marqué par le naturalisme, d’évoluer « de la vérité sèche stricte, et pour ainsi dire matérielle, à une vérité plus large, plus compréhensive, avec l’ardent souci d’un meilleur avenir ».
Des livres comme les Valets, les Cartons verts, le Veau d’or et les Hannetons de Paris ont répondu à cette formule, élargie depuis encore avec l’Espoir.
Nul, plus que Georges Lecomte, ne professe un respect fervent de la littérature ; mais nul non plus n’entend attribuer à la vie plus de portée et ne s’incline avec plus de res-
- ↑ La Grande Revue (26 sept. 1907) : L’œuvre de J.-F. Raffaëlli.
