dans l’Espoir ce seront tous ces hommes hardis et jeunes, artistes, savants, soldats, travailleurs des mains et de la pensée qui recréeront le nouveau visage de la patrie. Et cette protestation permanente, en faveur des plus légitimes des libertés, des plus humaines des affections, du plus noble idéal de vivre se perpétuera de livre en livre à travers l’œuvre de Lecomte. Sortant du roman, débordant du cadre social où il l’avait contenue jusqu’alors, il rétendra, cette protestation, aux arts qu’il souhaite encore plus beaux et plus lumineux (l’Art impressionniste), aux peuples qu’il désire encore plus libérés (Espagne, l’Espoir). Et, c’est elle encore, cette protestation, qu’il élèvera avec une âpre vigueur au regard de l’étranger quand il combattra de tout son cœur les mauvais livres susceptibles d’atteindre, par leur origine et par leur contenu, le long et magnifique rayonnement de la France littéraire dans le monde.
Espagne, livre d’impressions artistiques et pittoresques très intenses et très colorées, est tout imprégné des mêmes sentiments humains. Le contraste y est aussitôt visible entre le vivant paganisme arabe et la résignation du catholicisme inquisitorial transmis par les prêtres à leurs successeurs. L’antinomie, déjà si manifeste dans les monuments, dans les arts et dont les deux grands palais de l’Alhambra et de l’Escurial résument si bien l’aspect, apparaît à mesure que, de l’Espagne rocheuse du Nord, on atteint la Castille et l’Andalousie. Alors la tristesse de Burgos, le « repliement religieux d’Avila », la morne désolation du grandiose palais de Philippe II le cèdent à l’accueil de Tolède, au rire de Séville, à l’amoureuse grâce de Grenade. Voici l’Alhambra, la Giralda, l’Alcazar et tous ces fastes éloquents de l’islamisme où sont exprimés dans leur plénitude la joie et le bonheur de l’être. « C’est à la vie que l’islamisme s’attache ; c’est une œuvre de mort que le catholicisme accomplit. Tandis que les monuments de celui-ci sont dorés, joyeux, d’un charme intime et frais, les couvents et les églises de celui-là sont moroses, d’une grandeur funéraire. L’Espagne catholique est noire. L’Espagne arabe est claire. » Mais, en présence de l’Espagne des bûchers, des dogmes, encore visible aux faces des cités centenaires, il