Page:Mercure de France, t. 76, n° 274, 16 novembre 1908.djvu/79

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IRREPÀRÀBILE TEMPUS 205 VI 0 tristesse étonnée â saisir que notre âme — Ce qu’on a deplus beau, deplusfier, deplusfort, — S’use continûment, pis quen des viols infâmes, Par les banalités implacables du So rt! Oui, puisque l’on sent trop sans cesse qu’ on ressemble Moins à cet idéal qu’on s’ était composé, Nul nepeut, quand — vieillard— son appel en vain tremble, Presque rien recueillir des élans tant osés. Et pourtant dans cefaix de chaque jour à vivre, L ’ esprit vêt la splendeur d’être à toute heure ainsi, Loin des virginités du papier nul, le livre Qui de pensée avec ies’lettres s’obscurcit. ’ ’ O vous, fleurs des pêchers, transparentes d’aurore, Floraison qu’a flétrie en mon jeune verger Le grand fécondateur et destructeur sonore, Par vos fru its vous avez en arbres émergé. A h! si l’on est vivant d’avoir mâché des rêves, D’avoir troublé des yeux, d’avoir giclé du sang, Le geste de lier un faisceau d’heures brèves Glane pour les moissons qu édictent les puissants ; Et mon regard d’enfant jadis si nostalgique, Plus mâle maintenant de calme anxiété, Peut regarder monter hors des soleils tragiques Un clair de lune immense en sa maturité ! VII S i je t’ai peu louée, ô Nature profonde, Qui fécondes les d e u x en fécondant les cœurs, Nature où le Destin, j e t de terribles frondes, Ne sort d’aucun départ et n’a nul but ailleurs, —