Page:Mercure de France, t. 77, n° 278, 16 janvier 1909.djvu/180

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MERCVRE DB FRANCE— lô-x*1909 lion jubilaire de Rudolfinum,le DrF. X .Jirik aremplicinq numéros d’un tableau complet et fort intéressant de Yévolution de la peinture tchèque au XIX8siècle. I! n’est plus possible désormais d’écrire sur l’art tchèque sans avoir à consulter cet important travail. La belle Revue Morave-silésienne, paraissant à Brno (Brunn) et à Morawska Ostrava, centre minier,où la lutte contre le capitalisme allemand est acharnée, vient d’accomplir sa quatrième année. Elle est peut-être le plus décisif témoignage de l’activité litté­ raire, indépendante de Prague, du Margraviat, etje crois que, même à l’étranger, peu de revues font mieux et pas beaucoup aussi bien. Elle décentralise, du reste, sans opposition à Prague, mais au contraire épandant de tout son pouvoir la lumière venue de Prague ou qui s’v est. allumée. Elle fait le plus grand honneur à ses fondateurs, les frères M rstik, qui passent pour les meilleurs romaaciers moraves, et à M. Otokar Skypela, un directeur à qui rien n’échappe de la vie in­ tellectuelle de son pays, ni des progrès à y réaliser. Ils ont su grou­ per autour d’eux une pléïade d’écrivains variés,admirablement typique de l’tHendue du mouvement. M .E .SokoI ya donné, sous le titre Hosi- cek (Un petit garçon), des souvenirs d’adolescence et des années de gymnase, pas fort éloignés en audace tranquille de certaines pages de M.Léautaud, mais complétéesparun sens du paysage qu’on n’exigera jam aisd’un petitcitadin; M.Vaclav Dresler, un remarquable essai lit­ téraire sur feu Joseph Merhautyécrivain par amour, journaliste par devoir et poète de nature, qui peignit la misère des petites familles de Brno, le bureaucratisme, les castes politiques; bref, dont l’œuvre réalise un tableau à peu près complet de la vie delà capitale morave. M. Emile Edgar a consacré une étude bien sentie au feu peintre CyrilMandela encore aujourd’hui si singulièrement méconnu, dont « les paysages, à vrai dire, ne comportent pas la pesanteur ordinaire du sol, ni l’odeur épicée et forte de la terre, mais seulement ce qui, dans cette nature, est délicate musique ».M . Jahn, en quelques pages d’un joli conte, touche une fois de plus à un sujet tout local, qu’ont abordé déjà beaucoup d’écrivains moraves : la mise à la retraite des vieux parents,qui ont l’imprudence, assez générale dans lepays, de se dépouiller de leur vivant au profit de leurs héritiers. C ’est le cas de la vieille Dobiaska, à qui sa bru, un vrai a cuirassier » (comme nous dirions grenadier ou gendarme), fait la vie dure. Son fils, que cette femme tient sous lejoug, lui refuse même de la paillepour sa vache. Alors la vieille s’en va aux mises s’assurer le droit de ramasser les feuilles sèches d’un lopin de forêt. On connaît sa misère : dès lors aucun des voisins n’enchérit d’un kreutzer sur sa mise. Mais le fils refuse encore le transport des feuilles sèches. Elle est trop faible pour s’acquitter de cette corvée. Tous les gens du voisinage, armés de ra- teaux, accourent à son aide et charrient cette récolte jusqu’au hangar