Page:Mercure de France, t. 77, n° 278, 16 janvier 1909.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

REVUE DE LA QUINZAINE véhiculer un homme ou deux, pendant une heure, par temps relati­ vement calme. Nous n’en sommes pas encore, on le voit, aux 200et 3oo à l’heure, révés par maint visiteurenthousiaste du i er Salon de l’Aéronautique, certainement par MM. X . Y . Z , les premiers « acheteurs » ; et nous touchons d’assez près les murs de l’impasse. Qu’on n’aille pas cependant, d’après ce qui précède, nous suppo­ ser le seul désir de nous singulariser par une attitude pessimiste au milieu de l’optimisme universel, ou encore possédé par la manie d’empêcher les aviateurs de voler en rond, bien que dans ces derniers temps W right ait abusé réellement de ce monotone genre de sport. Nous souhaitons autant que quiconque, au contraire,que la « route de l’air » soit ouverte. Mais, nous venons de le voir, tout prouve que l’on ne prend nullement le chemin qui conduit à celle route libre. Aussi, avons-nous cru utile de le dire,afin de ne pas laisser se dépen­ ser tant d’efforts, et gaspiller tant d’énergie, en pure perte. Ceci cependant ne constitue que la moitié de la tâche que nous nous pro­ posons d’accomplir. Il nous faut à présent indiquer quel est le che­ min réel, celui dont on s’est détourné jusqu’à ce jour, pour courir vers l’ « impasse », celui qui existe cependant, et vers lequel il fau­ dra que l’on revienne si l’on veut vraiment la « route libre ». L’ « impasse » est le volplané,qui utilise la résistance de l’air pour vaincre la pesanteur, et limite par l’usage même de ce seul principe tout développement, tout progrès possible. L a « route libre» serait le vol ondulé, qui, utilisant d’abord la résistance de l’air pour vaincre la pesanteur, sortirait de l ’impasse en faisant appel ensuite à la pesanteur pour vaincre la résistance de l’air. Cette voie a été indiquée déjà par Capazza, avec une conception impraticable de ballons condensant leur gaz à une certaine hauteur, afin d’obtenir par la vitesse sans cesse accrue de la chute une force qu’aucun moteur ne saurait fournir, puis par Lilienthal,qui le premier prouva que, sans moteur, par le vol ondulé, on pourrait à la fois s’élever et progresser. La pesanteur, que le vol plané combat sans s’en servir, en usant dans cette lutte perpétuelle le meilleur de la force que lui fournit son moteur, la pesanteur fournira au vol ondulé un moteur sans organe lourd, sans combustible, d’une puissance illimitée, le seulpar conséquent capable d’imprimer des vitesses analogues à celles de l’oiseau et qui les lui donne en réalité, le seul susceptible de vain­ cre l’action du vent le plus fort. Que font en effet les oiseaux en général, et surtout ceux à vol rapide, l’hirondelle, le martinet, sinon se laisser tomber comme une pierre et utiliser ensuite la force four­