Page:Mercure de France, t. 77, n° 278, 16 janvier 1909.djvu/33

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LA FLAMME ET LES CENDRES S’étendait magnifique et large et me donnait Tout cepar quoi mon âme intense dominait, La voluptéyCamourt la chaude passion Aujourd’hui, et plus lard taJièvre, ambition/ Mais vous, vous atteigniez à la trentième année. Vous n’aviez plus autant le bonheur d’être née. Moije découvrais tout, heureux, charmé, surpris. Vous n’aviez que le cœur, et moij’avais l’esprit. Alors comme j’avais lafièvre de goûter A toute chose et que j e vivais emporté Vers mon rêve ébloui et vers ma destinée, D’avance vous étiez au x larmes condamnée. Près de vousje n’avais pas assez d’action. Nos cœurs ne brûlaient plus des mêmes passions. Nous tenions tous les deux des armes inégales. Vousétiez lafourmi. Moifêtais la cigale. Il mefallait l’amour, lafièvre, le désir... Je n’étais pas heureux, n’ayant pas à souffrir... VII Jefus injuste. T accusais. Je connaissais Mon tort. Un plaisir brusque et rare me poussait. Froidementje mettais ce cœur à la torture. L’amour dontje doutais vous était une injure. N’importe. Je tenais ce cœur dans mes deux mains Serré comme un oiseau qu’on étouffe. Soudain, Comme un nuage crève et détend l’atmosphère, Les sanglots trop longtemps contenus éclatèrent... La Seine auprès de nous roulait son flot tranquille; Des arbres y baignaient leur image. La ville S’étageait doucement au penchant du coteau. Je vous vois... Vous étiez assise au bord de l’eau ,