Page:Mercure de France - 1747-03.djvu/34

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ble, auriez-vous le malheur d’être devenu méchant ?

Ibrahim.

Votre zèle eſt injuſte, Madame, & cet emportement que je ne mérite pas…

Irene.

Dans l’état odieux où je vous vois, quand je ne fais que vous ſoupçonner, je vous épargne. Finiſſons, vous êtes venu pour me parler, eſt-ce-là tout ce que vous aviez à me dire ?

Ibrahim.

Vous avez touché le cœur du Sultan, Madame ; ſon amour, ſi vous le ménagez, peut vous donner le rang d’épouſe, que ſes pareils n’accordent à perſonne, et dans l’eſpérance que j’en conçois moi-même, je n’ai pu lui refuſer de vous prévenir ſur ſes ſentiments, & de lui rapporter les vôtres.

Irene., à part.

Juſte Ciel !

Ibrahim.

Que voulez-vous que je lui réponde ?

Irene.

Rien ; je ne ſçaurois me réſoudre à vous charger de ma réponſe.

Ibrahim.

Quel eſt donc le motif qui vous arrête, Madame ?