Page:Mercure de France - 1747-03.djvu/38

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aſſurer qu’ils vivent et qu’ils me ſont chers, & dire qu’on les amene ici dans l’inſtant qu’Irene y ſera venue.

Ibrahim.

Seigneur, ils étoient dans les fers, quand je les ai reconnus ; eſt-ce dans cet état que vous ordonnez qu’on les amene ?

Mahomet.

Oüi, je veux qu’Irene les en délivre elle-même, c’eſt un plaiſir que je réſerve à sa tendreſſe.

Ibrahim.

Je cours exécuter vos ordres, mais, Seigneur, pendant que vos faveurs ſe répandent ſur eux, daignez vous reſſouvenir qu’à mon tour j’attends mon bonheur de vous, qu’il en eſt un que vous avez promis de m’obtenir de cette princeſſe, et que mon cœur…

Roxane.

J’ignore les promeſſes que l’Empereur vous a faites, mais ſi j’y ſuis intéreſſée, j’eſpère qu’il ne les remplira pas ſans mon aveu, & c’est ſa bonté qui m’en aſſure.

Mahomet.

Ibrahim, vous ſavez que je vous aime, & ma faveur vous doit ſuffire, je hais les déſirs importuns ; allez, laiſſez-moi le ſoin de vous rendre heureux, & ne prétendez pas me gêner dans les graces que je vous deſtine.