Page:Mercure de France - 1747-03.djvu/40

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ſer à votre gré ; après cela, Seigneur, puis-je ſçavoir à qui vous voulez que je la donne ?

Mahomet.

Ce qui va se paſſer vous l’apprendra, Roxane, mais tandis que nous ſommes ſeuls, ne me diſſimulez rien. Vous étiez avec moi quand on m’a préſenté les deux Chrétiens, dont l’un, à ce qu’on aſſure, eſt le père d’Irene, et l’autre ſon frere ; que penſez-vous du dernier ? je vis vos yeux s’attacher ſur lui.

Roxane.

Son ſort me touchoit, Seigneur, je le plaignois d’être si jeune & déjà captif.

Mahomet.

Répondez avec franchiſe ; il joint aux graces de la jeuneſſe une phyſionomie noble & touchante, & vous l’avez remarqué.

Roxane.

Vous lui parliez, Seigneur, & j’écoutois.

Mahomet.

Ce n’eſt pas tout, ſes regards à lui-même ſe fixoient ſur vous, il étoit ſenſible à vos charmes.

Roxane.

J’ignore à quoi tend ce diſcours qui m’embarraſſe.

Mahomet.

Vous rougiſſez, je ne vous preſſe point