Page:Mercure de France - 1748-10.djvu/24

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Aux plaiſirs renaiſſans invitent les bergeres.
Tout reſpire la joye, & des plus tendres ſons
Chacun dans ce beau jour anime ſes chanſons.
Qu’un rimeur, à ſon gré, renverſe des murailles ;
Qu’échauffé de ſa verve il livre des batailles ;
Qu’entraînant aux combats nos rapides guerriers,
Il ſe couvre avec eux de ſang & de lauriers :
Pour moi, divine Paix, plus ſenſible à tes charmes
Qu’à l’immortel éclat qui ſignale nos armes,
Je veux, de ta préſence exaltant les effets,
Sur l’empire des Lys annoncer tes bienfaits.
Ton regne, de tout tems aux humains favorable ;
Deviendra chaque jour plus doux & plus durable,
Et bien-tôt de Louis ſecondant le grand cœur,
De cent monſtres affreux tu le rendras vainqueur.
Ô prodige ! À mes ſens l’avenir ſe découvre ;
Je lis dans les deſtins, je perce au fond du Louvre.
J’apperçois un Monarque humain pour ſes ſujets,
Et pour eux méditant les plus nobles projets ;
Monarque, qui gémit des malheurs de la guerre ;
Qui voudroit, s’il ſe peut, en preſerver la terre,
Plus content de régir ſes paiſibles États,
Que d’effrayer chés eux tant de fiers Potentats.
J’admire un Général chéri de la victoire,
Que l’on ne vit jamais enyvré de ſa gloire ;
Invincible Guerrier, dont les brillants exploits
Ont fixé de nos jours les intérêts des Rois.