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Page:Mercure de France - 1761-07.djvu/107

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leurs Loix, qui ſembloient ne connoître, comme dans l’ancienne Lacédémone, d’autres vertus que les vertus militaires, d’autres crimes que la lâcheté[1] ; tout cela avoit répandu ſur l’eſprit de la Nation je ne ſçai quel air de licence, toujours fatal à la politeſſe, & éffacé juſques au ſouvenir de ce gouvernement ſage, dirigé par la prudence, & de ces loix dictées par le bon ſens qui avoient ſi longtemps ſoutenu l’Empire Romain.

Le préjugé du point d’honneur, qu’ils regardoient comme un devoir d’État & de Religion, les portoit aux plus noirs deſſeins de la vengeance, l’Épée qui eſt la défenſe des Sujets, devenoit entre les mains des Sujets même, l’inſtrument de leur propre ruine. Le meurtre étoit confondu avec le devoir. L’injure ſeule avoit le droit de réparer l’injure[2] ; l’intérét le plus léger[3]

  1. Si par défaut de courage, quelqu’un ſe déſiſtoit du combat, il étoit privé du droit de ſucceſſion, & devenoit comme étranger à ſa propre famille en punition de ſon peu de courage. Loi Salique, tit. 63.
  2. Les Francs n’avoient pas de Magiſtrats pendant la paix. De ce defaut d’autorité dans le chef, & de cette indépendance dans les Membres, naiſſoit la coutume de ſe faire juſtice a ſoi-même. Tacit de moribus German
  3. Le combat étoit en uſage pour toute ſorte