Page:Mercure de France - 1761-07.djvu/110

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En vain nos Rois font-ils gronder leur tonnèrre, aſſemblent-ils les plus noires tempêtes ſur la tête des contempteurs de leurs Édits : Rien n’eſt capable de ramener aux Loix de la modération ces hommes qui veulent qu’une injure ſoit une plaie qui ne peut être lavée que dans le ſang de celui qui l’a faite.

En vain établiſſent-ils des peines contre les vainqueurs, & contre les vaincus ; peines d’autant plus ſévéres, qu’elles s’étendent ſur les vivans & ſur les morts ; d’autant plus griéves qu’elles ſont jointes avec l’infamie ; d’autant plus inévitables que leur terrible & ſacré ſerment ôte au coupable toute eſpérance de pardon. Les plus ſages en ſe ſoumettant à des loix ſi judicieuſes, craindront de ſe dégrader. Ils entendront ſouffler les vents, gronder le tonnerre, crever la nue ſans en être étonnés. Les exemples mémorables de ſévérité qu’on exerce ſur tant d’illuſtres têtes, ne ſerviront qu’à leur faire imaginer un nouveau genre de point d’honneur dans le mépris même des ſupplices.

Ce n’eſt pas que les loix ne puiſſent ſervir de frein à l’emportement fougueux de nos paſſions, mettre de juſtes bornes à la fureur de ceux qui ſont ſoumis à leur autorité ; & que l’envie de nuire ne ſoit