Page:Mercure de France - 1761-07.djvu/115

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N’eſt-ce pas de la lumière des Lettres, que Rome, la Maîtreſſe du Monde, la Mère des Sciences & des Arts tenoit l’empire du bon goût, de la parole & de la politeſſe ? Auſſi jamais Peuple ne fut ſi ſage, ſi ennemi de la cruauté, ſi éclairé ſur la connoiſſance de la véritable gloire. On ne vit jamais parmi eux, le Citoyen s’armer contre le Citoyen, pour venger ſa propre cauſe. Ils laiſſoient à leurs Eſclaves, l’art funeſte de nos Gladiateurs ; ils ne ſavoient diſputer entre eux, que de gloire & de vertu[1] ; auſſi eſt-il inoui que pendant une longue ſuite des ſiécles, il y ait eu parmi eux un ſeul exemple du combat ſingulier[2].

Mais ſans aller chercher loin de nous l’époque préciſe de l’abolition des duels, fixons nos regards ſur ce Prince à jamais mémorable dans nos hiſtoires, qui après avoir dompté la rébellion, déſarmé l’héréſie, augmenté l’autorité Royale, abbatu l’orgueil des Souverains, & enfin par la force d’une digue inſurmontable, préſcrit des bornes à la mer irritée, & retenu la fureur des vagues de ce fier élément, entreprit de reprimer la trop bouillante

  1. Jurgia ſimultatis cum hoſtibus exercebant ; cives cum civibus de virtute pugnabant. Saluſte.
  2. M. Rolin, Traité des Études.