Page:Mercure de France - 1761-07.djvu/119

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de la Nation, les Scipions, les Lucullus, les Céſars, dont les mains triomphantes ont ſi vaillament ſoutenu le Trône dans les jours les plus nébuleux.

Que dis-je ? ſous les auſpices des Clémences Iſaures[1], les Sapho & les Corynes[2], le ſexe qui ſemble n’être pas fait pour les Lettres, s’élève d’un vol rapide juſques au faîte du Parnaſſe ; il ſe diſtingue même parmi les juges de nos Académies[3], & nous force de convenir que ce genre de mérite, dont nous avions fait notre principal appanage, eſt de tout ſexe ; & que ſi le déſir de lui plaire fit autrefois tant de vaillans & de braves[4], celui de les imiter dans leurs combats Litteraires nous donne aujourd’hui des Poëtes divins & des Orateurs éloquents.

L’eſprit & le cœur ainſi réglés, tout rentre dans l’ordre : les dernières étincelles d’une flamme qui avoit déjà volé dans toute l’Europe, commencent à s’éteindre, les ténèbres ſuſpendues ſur l’abîme ſe diſſipent ; la France, comme un au-

  1. La Fondatrice des Jeux Floraux.
  2. Femmes Grecques célébres par leur eſprit & par leurs Poëſies.
  3. Mlle Catalan, Madame Montegut & Madame la Marquiſe de la Gorce
  4. La Chevalerie