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Page:Mercure de France - 1891 - Tome 2.djvu/32

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LES RELIEFS

NOCTURNE

à J.-K. Huysmam.


La Tenèbre va communier.

Ce spectacle,on dirait tel fusain d’Appian que, potache,il fallait éclairer moyennant la boulette de pain. La frivole brise est partie, ayant remis en chignon ses tresses imperceptibles qui tournent la tête aux moulins ; mais elle oublia sa fille, brisette à l’usage des poupées. Une pie, réintégrant son marronnier, ferme et déferme sa lettre de faire part.

Le silence pose ses agrafes. Cependant un gravier d’insectes maquillage bavard persiste sur les formes du sol.

Se recueillent les vignes, comme si la dégringolade apoplectique du Soleil avait ôté l’envie de rire. Dans l’heure agenouillée, les arbres semblent des examens de conscience ; seuls, les rochers sacripantalement songent. L’ombre n’est-elle pas la couleur du mystère ? Passe une dernière escouade de corbeaux : cimetière qui a des ailes.

La chauve-souris éparpille ses coups d’éteignoir sur les premières lampes qui se déclarent, pareilles a de grandes soifs petitement chosifiées. Son vol hybride, construit d’hésitations entre l’aile et le museau, évoque, par ses angles obtus puis aigus, le mètre ouvert puis replié des charpentiers en velours côtelé.

Déjà, sur les chevalets d’herbe, les vers copient les étoiles fraîches ainsi que des caresses. Ne se distinguent plus les fleurs ; mais le parfum cette romance pour narines les divulgue à la façon de la prière sur les tombes.

Ce vêpre égalitaire escamote ma teinte originale et me fait le noyé d' une atmosphère sans-culotte.Puisque l’obscurité submerge l’apparence, vaudrait-il pas mieux, au crépuscule, ôter ses yeux, ses ongles et ses poils, son squelette et sa chair comme après la bataille