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Page:Mercure de France - 1891 - Tome 2.djvu/64

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JANVIER 1893


banalité ou de prosaïsme, le jeune et brillant aède du mysticisme contemporain refait-une virginité a' de vieilles et sympathiques idées, qui charmèrent longtemps et charmeront toujours les doux optimistes épris de rêve de sensibilité et d’idéal. Les antiques principes Trinitaires, qui se trouvent à la base de la plupart des religions, des métaphysiques et des franc-maçonneries, furent exposés, commentés et choyés par M. Jhonney avec toute la poésie et le lumineux vague qu’il comportent. Ce qui semblait plus malaisé, c’était d’établir les rapports entre la personne de Jésus et cette Trinité transcendante, L’orateur s’en est tiré avec une conviction et une élégance d’images fort appréciées. L’effloraison de cette conference chatoyante fut une éloquente évocation d’une humanité socialiste et chrétienne, sublimée par l’amour, la liberté, l’intelligence, trop belle évidemment pour qu’il soit loisible à d 'autres qu’à d’idéalistes poètes d’en espérer une pareille.

L. D.

La Bibliothèque Artistique et Littéraire, que dirige M. Léon Deschamps, publie le livre annoncé de notre collaborateur Ernest Raynaud : Les Cornes du Faune.il est tiré de cet ouvrage 162 exemplaires, dont 12 sur Japon impérial à 20 fr et 150 sur simili-Hollande à 9 fr. Chaque volume contient le portrait et la signature autographe de l' auteur. L’éloge n’est plus à faire, de cette bibliothèque qui a édité Dedicaces (épuisé), de Paul Verlaine, A Winter night's dream (épuisé), de Gaston et Jules Couturat, et Albert, de Louis Dumur. Nous ne saurions trop insister sur ce point que jamais elle ne réimprime les ouvrages de sa collection, tirés à petit nombre et partant fort rares. Que ceux de nos lecteurs qui désirent posséder Les Cornes du Panne se hâtent donc de souscrire, car il n’est pas douteux. que ce volume ne soit introuvable bientôt.

Le 5 décembre, sous la présidence de Jean Dolent, l’auteur de tant délicates et fines choses d’un esprit qui ferait aimer les gens d’esprit (s’ils lui ressemblaient ! ) : Dîner der Têtes de bois chez Mousseau. — Présents : Odilon Redon ; les peintres Eugène Carrière, Louis Mettling, Victor Mareé, Constantin Leroux ; — les poètes Charles Morice, Jean Moréas, Mathias Morhardt ; — les sculpteur A. Massoble, Gustave Déloye ; — Alidot Delzant. le graveur Henri Guérard, Jules de Marthold, le chansonnier Chebroux, Alfred Vallette.

— Beaux vers, chansons drôles et... petit discours de M. Louis Mettling sur ce qu’il sied d’entendre par le mot : Art. Le portrait de Paul Verlaine, par Eugène Carrière, est visible le dimanche chez Jean Dolent (Villa Ottoz, 43, rue Plat, à Belleville).

— Nous signalons aux artistes en quête de pittoresque un intéressant journal illustré polonais, le Swisi (le Monde) bimensuel, paraissant à CracoVie, sous la direction de M.Sarnecki, écrivain de talent. Dans le dernier numéro, M. Eduard Loévy, le dessinateur bien connu des Parisiens, nous montre